NEWSLETTER • 22 OCTOBRE 2022

ÉDITORIAL • 22 OCTOBRE 2022

Chaque jour, par monts, par vaux et par chemins, nous sommes amenés à croiser une multitude de gens. Nos rencontres et nos interactions, fortuites ou pas, nous permettent de tisser un maillage de relations sociales qui contribue à enrichir notre quotidien. Dans les années 70, le sociologue américain Mark Granovetter a mis en évidence la différence entre les liens dits forts et les liens faibles. Si les “liens forts” sont ceux qui nous relient aux personnes de notre sphère familiale, amicale ou professionnelle, les “liens faibles" sont ceux qui nous relient à des inconnus ou à des personnes que l’on connait à peine. Les individus qui gravitent à la marge ont, selon lui, autant d’importance pour notre équilibre et notre bien-être que les personnes de notre cercle rapproché. Des liens ténus, ponctuels, des liens à priori anodins mais qui nous rattachent au monde qui nous est commun. Les deux femmes dépeintes par Margaret Kilgallen se font face et semblent échanger quelques paroles. Elles nous rappellent, de façon subliminale, que sourire à son voisin, ça ne mange pas de pain, mais cela peut rapporter gros.

Pendant la crise sanitaire du Covid-19, d’aucuns d’entre nous ont adopté un animal de compagnie. Avec un fidèle compagnon à leurs côtés, adieu stress, isolement et solitude. Mais tout cela c’était hier et, aujourd’hui, la crise énergétique et la baisse du pouvoir d’achat étranglent le budget des ménages et rendent le coût d’entretien d’un animal prohibitif. Certains n’ont plus les moyens de le nourrir ni de le soigner et sont, à leur grand dam, contraints et forcés, de s’en séparer… La silhouette canine esquissée par Ed Ruscha semble sur le point de disparaître et fait écho au chagrin causé par la perte de l’ami d’une vie.

Restez curieux et bonne lecture!

Zoé Schreiber

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