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ÉDITORIAL • 19 NOVEMBRE 2022

À l’aune des actions menées depuis cet été par des militants écologistes, l'envie nous prend de paraphraser le slogan d’un célèbre magazine hebdomadaire français: “le poids du message, le choc des images”… Massivement relayées par les médias et sur les réseaux sociaux, leurs “performances”, qui consistent à projeter des substances liquides sur des toiles de maître exposées dans différents musées, suscitent la surprise, la sidération voire la réprobation et l’indignation. Bien que l’objectif de leurs protestations ne soit pas d’endommager les œuvres (qu’ils savent protégées de vitres) mais de dénoncer l'inertie des gouvernements en matière d'environnement et d’alerter l’opinion sur le réchauffement climatique, on est en droit de se demander si de tels actes de vandalisme sur le patrimoine artistique et muséal revêtent vraiment une dimension de revendication politique ou sociale. La “tache” noire qui semble “dévorer” le tableau de Pat Steir fait immanquablement penser aux images du tableau Mort et Vie de Gustav Klimt, l'une des dernières cibles en date à avoir été aspergée par des militants écologistes.

“Il n'y a pas d'avenir, il n'y a pas d'avenir…” La solastalgie ou “eco-anxieté” affecte un nombre croissant d’individus tant dans l’hémisphère Nord que dans l’hémisphère Sud et les jeunes sont, d’après les sondages, bien plus inquiets que leurs aînés. L’urgence climatique angoisse et l’inaction politique et économique désespère… Si le personnage recroquevillé de Daniel Arsham donne le sentiment d’être à la fois abattu, triste et anxieux, on se plaît à croire qu’un élément déclencheur lui permettra de se remettre en mouvement et de se réapproprier son destin.

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Zoé Schreiber

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ÉDITORIAL • 12 NOVEMBRE 2022

Depuis la toute première édition de la “Conférence des parties” (COP) à Berlin en 1995, c’est chaque année que dirigeants et acteurs non gouvernementaux du monde entier se mettent en ordre de marche pour trouver des solutions concrètes pour maîtriser le changement climatique. Cette année, c’est à Sharm-El-Sheikh en Egypte, sur le continent africain, sur le continent le plus touché et le moins émetteur de gaz à effet de serre, que le grand raout international de la COP27 a pris ses quartiers. Pendant deux semaines, plus de 30 000 personnes, décideurs et autres, se retrouvent au chevet de la planète pour tenter de s’accorder sur la marche à suivre. La ritournelle est d’ores et déjà familière: non seulement la planète va mal mais, en sus, les pronostics sont alarmants. Si la masse glacière est l’un des marqueurs qui permet de prendre le pouls du dérèglement climatique, le constat est sans appel: les glaciers fondent à une vitesse grand V et risquent, “quel que soit le scénario climatique”, de disparaître d'ici 2050. Les coups de pinceau amples et fluides de Howard Hodgkin évoquent mouvement et liquéfaction et laissent planer le spectre de l’élévation du niveau de la mer.

Réfugiés? Exilés? Migrants? Mais qui sont donc ces hommes, ces femmes et ces enfants qui dérivent sur des embarcations de fortune au large des côtes européennes et se voient refuser l’entrée sur le continent? Ils n’ont souvent pas choisi de quitter leur pays mais y ont été contraints et forcés pour échapper à la famine, pour fuir les zones de guerre et de conflits, les persécutions, les changements climatiques…. Le radeau échoué en pleine mer d’Adel Abdessemed illustre la précarité du “voyage des damnés” qui frappent à nos portes.

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Zoé Schreiber

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ÉDITORIAL • 5 NOVEMBRE 2022

Quel est le sens d’une oeuvre d’art? D’habitude, la question se pose plutôt au sens figuré qu’au sens propre. Tout est toujours une question d’interprétation et de perspective et l’art ne déroge pas à la règle. Inspiré des gratte-ciels et réalisé en 1941 par le peintre hollandais Piet Mondrian, le tableau intitulé New York City I est accroché "tête en bas" depuis plus de 70 ans... La nouvelle défraie ces derniers jours la chronique tant la révélation, faite à l’aune d’une grande rétrospective de l’œuvre du pionnier de l’abstraction, est insolite. Bien que la vérité soit désormais rétablie, l’œuvre au quadrillage minimaliste, qui sert pourtant de point d’orgue à l’exposition, ne sera pas basculée à 180 degrés afin d’éviter la dégradation des rubans adhésifs colorés qui la composent et qui ne tiennent, aux dires de la commissaire, "qu’à un fil". Point de confusion sur l’orientation du tableau de Georg Baselitz. La question de déterminer le haut du bas ne se posera a priori jamais dans la mesure où peindre à l’envers est sa marque de fabrique.

Les pays de l’Union européenne sont passés à l’heure d’hiver dimanche dernier. On a tous gagné une petite heure de sommeil. Outre-Atlantique, c’est ce week-end que l’aiguille des montres reculera et que les chiffres des écrans se mettront à jour. Certes, ici comme ailleurs, notre quotidien s’est assombri, les journées se sont raccourcies, les températures se sont rafraîchies. Adieu salades d’été et bonjour soupes et potages. L’automne s’installe lentement mais sûrement et les feuilles des arbres tapissent le sol, à l’instar de celles d’Andy Goldsworthy, de jaune, de rouge et d’orange.

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Zoé Schreiber

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ÉDITORIAL • 22 OCTOBRE 2022

Chaque jour, par monts, par vaux et par chemins, nous sommes amenés à croiser une multitude de gens. Nos rencontres et nos interactions, fortuites ou pas, nous permettent de tisser un maillage de relations sociales qui contribue à enrichir notre quotidien. Dans les années 70, le sociologue américain Mark Granovetter a mis en évidence la différence entre les liens dits forts et les liens faibles. Si les “liens forts” sont ceux qui nous relient aux personnes de notre sphère familiale, amicale ou professionnelle, les “liens faibles" sont ceux qui nous relient à des inconnus ou à des personnes que l’on connait à peine. Les individus qui gravitent à la marge ont, selon lui, autant d’importance pour notre équilibre et notre bien-être que les personnes de notre cercle rapproché. Des liens ténus, ponctuels, des liens à priori anodins mais qui nous rattachent au monde qui nous est commun. Les deux femmes dépeintes par Margaret Kilgallen se font face et semblent échanger quelques paroles. Elles nous rappellent, de façon subliminale, que sourire à son voisin, ça ne mange pas de pain, mais cela peut rapporter gros.

Pendant la crise sanitaire du Covid-19, d’aucuns d’entre nous ont adopté un animal de compagnie. Avec un fidèle compagnon à leurs côtés, adieu stress, isolement et solitude. Mais tout cela c’était hier et, aujourd’hui, la crise énergétique et la baisse du pouvoir d’achat étranglent le budget des ménages et rendent le coût d’entretien d’un animal prohibitif. Certains n’ont plus les moyens de le nourrir ni de le soigner et sont, à leur grand dam, contraints et forcés, de s’en séparer… La silhouette canine esquissée par Ed Ruscha semble sur le point de disparaître et fait écho au chagrin causé par la perte de l’ami d’une vie.

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Zoé Schreiber

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ÉDITORIAL • 15 OCTOBRE 2022

Pas un jour sans que l’on ne parle de changement climatique, de protection de l’environnement et d’adoption de modes de consommation plus responsables. La demande croissante en fibres végétales s’inscrit parfaitement dans l'air du temps et a permis de promouvoir la fibre de jute comme un textile d’avenir dont la production est, contrairement à celle du coton, peu demandeuse en eau, en engrais et en pesticides. Hier délaissée au profit de matières synthétiques moins onéreuses à produire, la fibre de jute est désormais plébiscitée pour ses qualités biodégradables. Avec l’interdiction du plastique à usage unique, les sacs de jute réutilisables se multiplient dans les grandes surfaces. La fibre se réinvente et prolifère tant dans les magasins de mode que de décoration. En Inde, premier producteur mondial, c’est tout un secteur d’activité qui renaît. Comme quoi, éco-responsabilité peut parfois rimer avec relance économique. L’installation d’Ibrahim Mahama nous rappelle que, si de nouvelles utilisations voient le jour, le jute, était à l’origine principalement utilisé pour l’emballage et le transport de matières premières et de denrées. Les sacs de jute matérialisent de ce fait une histoire du commerce mondial et sont "des peaux avec des scarifications qui trahissent leur héritage sociopolitique et économique."

L’été indien s’éloigne à grands pas et les feuilles mortes qui jonchent nos rues et nos trottoirs sont annonciatrices des premiers frimas de l’automne. Les matinées et les soirées sont plus fraîches et l’envie nous prend d'allumer nos radiateurs dans notre home sweet home… Cette année pourtant, dans un contexte de hausse sans précédent des prix de l’énergie, il va falloir veiller à ne pas trop faire chauffer nos factures. Bien que la résistance du radiateur électrique “grille-pain” dépeint par Luc Tuymans irradie une chaleur bienveillante, ledit radiateur est énergivore et date d’une époque où les préoccupations énergétiques et écologiques n’étaient pas au cœur de l’attention.


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Zoé Schreiber

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ÉDITORIAL • 8 OCTOBRE 2022

Qui dit grand raout, sportif, festivalier ou autre, dit forcément parrainage et, cette année, c’est le géant américain Coca-Cola qui rafle la mise. Hasard du calendrier, en novembre, la célèbre firme d’Atlanta sera non seulement le partenaire officiel de la Coupe du monde de football au Quatar mais aussi le sponsor de la Cop 27, la conférence des Nations-Unies sur le climat en Egypte. Si l’Egypte s’est félicitée d’avoir reçu le soutien du plus grand producteur mondial de boissons non alcoolisées, la nouvelle a aussi suscité de vives critiques. En effet, bien qu’il revendique à cor et à cri son engagement en faveur de la protection de l’environnement et contre la pollution des océans, le groupe n’en demeure pas moins le plus gros pollueur plastique au monde et les organisations environnementales l’accusent d’écoblanchiment. La légendaire bouteille "Contour" en verre photographiée par William Eggleston rappelle qu’il est des contenants plus écologiques que le plastique recyclable et ce d’autant plus que recyclable est encore loin de rimer avec recyclé.

La mode dite à petit prix a profondément modifié notre façon de consommer. Chaque année, plus de 100 milliards de vêtements sont vendus dans le monde. L’offre dépasse de loin la demande et le circuit est engorgé. Les déchets textiles s'amoncellent de manière exponentielle. Des tonnes de vêtements usagés en provenance d’Europe, des États-Unis et de Chine finissent, en fin de vie, dans des décharges sauvages et polluent les nappes phréatiques et les océans, sans parler du désert d’Atacama au Chili et des plages du Ghana. En contemplant l’installation de Michelangelo Pistoletto, on ne peut s’empêcher de penser que se débarrasser des vêtements dont on n’a plus envie c’est bien mais n’acheter que les vêtements dont on a besoin c’est encore mieux.

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ÉDITORIAL • 1 OCTOBRE 2022

La lecture permet de vivre mille et une vies. Quand on lit, on chemine, d’une page à l’autre, d’un chapitre à l’autre, d’un livre à l’autre. On voyage, on se confronte à d’autres expériences de vie que la sienne, on élargit son regard, on imagine, on apprend, on questionne, on réfléchit… Bref, on se construit. Pourtant, en 2021 aux Etats-Unis, l’association des bibliothèques américaines (American Library Association) a recensé plus de 1500 demandes de mise au ban de livres des rayons de bibliothèques publiques et scolaires... Un record. Les livres traitant de thèmes allant du racisme à l’identité sexuelle ou de genre sont les cibles de prédilection des groupes de parents et des législatures de certains états. Les 100 000 exemplaires d’ouvrages censurés qui composent l’installation de Marta Minujín semblent flotter autour de l’échafaudage et nous rappellent que si les livres sont des "briques" de savoir, l’accès à la littérature reste l’un des "ciments" de la démocratie.

Tous les quatre ans, une étude scientifique (State of the World’s Birds) dresse un état des lieux de la condition de la planète bleue au prisme des oiseaux. “Citoyens” du monde, sensibles aux altérations des écosystèmes, les volatiles sont, d’après les ornithologues, des “indicateurs écologiques” par excellence. Les conclusions du rapport sont sans appel. Dans le monde, l’avifaune bat de l’aile et une espèce d’oiseau sur huit est aujourd’hui en voie d’extinction. Le hibou sculpté par Thomas Houseago nous observe. On se plait à croire que, dans la forêt lointaine, il entendra encore longtemps le coucou qui, du haut de son grand chêne, lui répondra: “Coucou, hibou!” Pour citer la philosophe Vinciane Despret, “les oiseaux chantent leur présence au monde, ils ont des choses à nous apprendre”. Libre à nous de les écouter et de mettre tout en oeuvre pour qu’ils puissent continuer à chanter.

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NEWSLETTER • 24 SEPTEMBRE 2022

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ÉDITORIAL • 24 SEPTEMBRE 2022

Les images et les récits qui irriguent le paysage culturel et médiatique façonnent notre rapport au monde. Les messages subliminaux véhiculés informent le regard que l’on porte sur nous-même et sur autrui. Être représenté, sous-représenté ou mal représenté (sous la forme de stéréotypes) influe par voie de conséquence sur l’estime de soi et sur la perception de l’autre. Que ce soit sur les petits ou sur les grands écrans, les représentations comptent et contribuent, dès le plus jeune âge, à notre construction identitaire. N’en déplaise à certains esprits chagrins, les récits inclusifs qui donnent leur place à tous les acteurs de notre société, quelque soit la couleur de leur peau, leur origine sociale, leur genre, leur orientation sexuelle ou leur handicap, permettent d’élargir les imaginaires, de renforcer la cohésion sociale et d’étendre la perception du champ des possibles. La femme dépeinte par Tschabalala Self est, comme le suggère le titre du tableau, une princesse. En y regardant de plus près, on s’aperçoit que les motifs qui ornent sa robe sont des personnages de Walt Disney dont l’artiste a accentué la couleur de peau. Ce faisant, elle montre non seulement que l’idéal de beauté est multiple mais aussi que tout le monde peut être un héro ou, en l’occurrence, une héroïne.

Si l’art nous donne à voir le monde autrement, le regard que l’on porte sur une oeuvre n’est pas immuable. La vidéo du drapeau planté sur l’île de la Martinique par Edith Dekyndt en 2014 commémorait, à l’origine, l’héritage d'Edouard Glissant et la mémoire de l’esclavage. Relayé depuis plusieurs jours sur la toile, l’arrêt sur image des cheveux qui, accrochés au mât flottent dans le vent, évoque aujourd’hui le désir des femmes iraniennes de s’affranchir, en brûlant leurs hijabs et en se coupant les cheveux, du contrôle et de la violence de la police des mœurs.

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ÉDITORIAL • 17 SEPTEMBRE 2022

Le fond de l’air se rafraîchit, “l’ombre grandit, l’azur décroît" et l’automne pointe déjà lentement mais sûrement le bout de son nez… Après avoir eu trop chaud cet été, aurons-nous trop froid cet hiver? S’il est bien une question qui taraude les esprits, c’est celle de comment faire face à la flambée des prix de l’énergie. En cette rentrée, la “fin de l’abondance et la fin de l’insouciance” riment obligatoirement avec sobriété et rigueur. Pays, villes, communes et municipalités européennes rivalisent d’initiatives pour réduire la facture énergétique et mitiger les risques de l’inflation galopante… Réduction de l’intensité de l’éclairage public des rues, extinction à la nuit tombée des panneaux publicitaires… À Paris, l’idée de plonger la Dame de fer dans le noir avant minuit est même avancée, tout un symbole dans la Ville dite Lumière. Rehaussée à l’aide d’une ampoule que l’on imagine sur le point de clignoter, la tête à l’envers de la poupée d’Evan Holloway nous enjoint elle aussi à la “chasse au gaspi”.

Si l’on en croit le proverbe, la persévérance gagne le succès. À ce titre, en prélevant des échantillons de roches qui contiendraient de potentielles biosignatures, le rover spatial éponyme vient de franchir, selon la NASA, une étape majeure dans sa quête d’éventuelles traces de vie primitive sur la planète rouge. Une fois rapatriés sur Terre, lesdits échantillons devront être scrupuleusement analysés pour confirmer l’hypothèse mais cette découverte permettra peut-être de répondre à l’interrogation chantée en son temps par David Bowie: “Y a-t-il de la vie sur Mars?” Tracé à l’aérographe, le dessin de Lucien Roux nous place au plus près du sol martien et laisse espérer que, d’ici quelques années, les scientifiques réussiront à élucider les nombreuses questions qui restent à ce jour encore en suspens.

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ÉDITORIAL • 10 SEPTEMBRE 2022

Férus d’aventure spatiale, spectateurs et badauds devront se résoudre à prendre leur mal en patience dans l’attente de l’annonce de la prochaine fenêtre de tir. Après un premier essai raté, un nouvel incident technique a renvoyé aux calendes grecques le baptême de l’air de la mega-fusée orange et blanche SLS (Space Launch System) et du vaisseau spatial Orion. Si le programme Artemis (baptisé ainsi en écho à la sœur jumelle du dieu grec Apollon) a pour objectif premier de prendre le relais de la dernière mission Apollo et d’être annonciateur du retour des américains sur la Lune, il devrait surtout, dans un avenir plus ou moins proche, servir de tremplin à l’odyssée martienne. L’immense nuage de flammes qui entoure la fusée de Michael Kagan ravive le souvenir du démarrage du compte à rebours et de la magie du décollage.

Le décès de la reine Élizabeth II (1926-2022) scelle la fin d’une époque, la fin d’une certaine conception de la royauté et tourne définitivement une page de l’histoire du Royaume-Uni. Monarque de quinze nations et cheffe du Commonwealth, Elizabeth II a régné pendant sept décennies. 80% des britanniques n’ont connu la monarchie qu’à travers celle qui, par sa longévité exceptionnelle, a traversé les grands événements qui ont façonné le XXème siècle. Figure de stabilité et de continuité dans un monde en constante mutation, elle a été le témoin de la fin de la guerre froide, de la décolonisation, de la disparition de l’Empire britannique et de son évolution vers le Commonwealth, de la conquête spatiale, de l’évolution des mœurs, de l’explosion du numérique, de l’adhésion de la Grande-Bretagne à l’Union européenne et du Brexit, de la pandémie de Covid-19… "Ne jamais se plaindre, ne jamais s’expliquer", telle était la devise qui lui a servi de boussole pendant les 70 ans qu’elle a navigué sur le trône. Que l’on soit favorable ou non à la monarchie, on ne peut s’empêcher de penser, en découvrant le portrait d’Elizabeth II adolescente qu’offre à notre regard Elizabeth Peyton, que c’est bel et bien une icône qui nous a quitté.

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Zoé Schreiber

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