À la lumière des mesures de distanciation sociale que nous sommes contraints d’adopter, le regard que l’on porte aujourd’hui sur ce tableau d’Alex Katz n’est évidemment, pour citer librement Paul Verlaine, ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre. Certes, Ada, son épouse et muse depuis plus de 50 ans est présente mais, quelque part, sa démultiplication tire l’image vers l’abstraction.
Artiste américain associé au pop art, Alex Katz (1927-) est à la fois portraitiste et paysagiste et ses œuvres oscillent entre figuration et abstraction. La précision de son trait lui permet de simplifier les formes au maximum. En peignant les sujets de ses toiles sur un seul et même plan, il fait disparaître toute perspective. Son style épuré, ses aplats monochromes de couleurs vives, ses cadrages et le format souvent monumental de ses tableaux rappellent les écrans de cinéma et les panneaux publicitaires. Son œuvre est tant inclassable qu’intemporelle et, comme le soulignait en 2016 Jackie Wullschlager, critique d’art du Financial Times, “au fil des années, Katz a remis en question tout en absorbant certaines caractéristiques des principaux courants de la scène américaine: les dimensions héroïques de l’expressionnisme abstrait, la planéité figée du pop art, et l’austérité propre au minimalisme”.
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