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ÉDITORIAL • 17 SEPTEMBRE 2022

Le fond de l’air se rafraîchit, “l’ombre grandit, l’azur décroît" et l’automne pointe déjà lentement mais sûrement le bout de son nez… Après avoir eu trop chaud cet été, aurons-nous trop froid cet hiver? S’il est bien une question qui taraude les esprits, c’est celle de comment faire face à la flambée des prix de l’énergie. En cette rentrée, la “fin de l’abondance et la fin de l’insouciance” riment obligatoirement avec sobriété et rigueur. Pays, villes, communes et municipalités européennes rivalisent d’initiatives pour réduire la facture énergétique et mitiger les risques de l’inflation galopante… Réduction de l’intensité de l’éclairage public des rues, extinction à la nuit tombée des panneaux publicitaires… À Paris, l’idée de plonger la Dame de fer dans le noir avant minuit est même avancée, tout un symbole dans la Ville dite Lumière. Rehaussée à l’aide d’une ampoule que l’on imagine sur le point de clignoter, la tête à l’envers de la poupée d’Evan Holloway nous enjoint elle aussi à la “chasse au gaspi”.

Si l’on en croit le proverbe, la persévérance gagne le succès. À ce titre, en prélevant des échantillons de roches qui contiendraient de potentielles biosignatures, le rover spatial éponyme vient de franchir, selon la NASA, une étape majeure dans sa quête d’éventuelles traces de vie primitive sur la planète rouge. Une fois rapatriés sur Terre, lesdits échantillons devront être scrupuleusement analysés pour confirmer l’hypothèse mais cette découverte permettra peut-être de répondre à l’interrogation chantée en son temps par David Bowie: “Y a-t-il de la vie sur Mars?” Tracé à l’aérographe, le dessin de Lucien Roux nous place au plus près du sol martien et laisse espérer que, d’ici quelques années, les scientifiques réussiront à élucider les nombreuses questions qui restent à ce jour encore en suspens.

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Zoé Schreiber

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ÉDITORIAL • 10 SEPTEMBRE 2022

Férus d’aventure spatiale, spectateurs et badauds devront se résoudre à prendre leur mal en patience dans l’attente de l’annonce de la prochaine fenêtre de tir. Après un premier essai raté, un nouvel incident technique a renvoyé aux calendes grecques le baptême de l’air de la mega-fusée orange et blanche SLS (Space Launch System) et du vaisseau spatial Orion. Si le programme Artemis (baptisé ainsi en écho à la sœur jumelle du dieu grec Apollon) a pour objectif premier de prendre le relais de la dernière mission Apollo et d’être annonciateur du retour des américains sur la Lune, il devrait surtout, dans un avenir plus ou moins proche, servir de tremplin à l’odyssée martienne. L’immense nuage de flammes qui entoure la fusée de Michael Kagan ravive le souvenir du démarrage du compte à rebours et de la magie du décollage.

Le décès de la reine Élizabeth II (1926-2022) scelle la fin d’une époque, la fin d’une certaine conception de la royauté et tourne définitivement une page de l’histoire du Royaume-Uni. Monarque de quinze nations et cheffe du Commonwealth, Elizabeth II a régné pendant sept décennies. 80% des britanniques n’ont connu la monarchie qu’à travers celle qui, par sa longévité exceptionnelle, a traversé les grands événements qui ont façonné le XXème siècle. Figure de stabilité et de continuité dans un monde en constante mutation, elle a été le témoin de la fin de la guerre froide, de la décolonisation, de la disparition de l’Empire britannique et de son évolution vers le Commonwealth, de la conquête spatiale, de l’évolution des mœurs, de l’explosion du numérique, de l’adhésion de la Grande-Bretagne à l’Union européenne et du Brexit, de la pandémie de Covid-19… "Ne jamais se plaindre, ne jamais s’expliquer", telle était la devise qui lui a servi de boussole pendant les 70 ans qu’elle a navigué sur le trône. Que l’on soit favorable ou non à la monarchie, on ne peut s’empêcher de penser, en découvrant le portrait d’Elizabeth II adolescente qu’offre à notre regard Elizabeth Peyton, que c’est bel et bien une icône qui nous a quitté.

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Zoé Schreiber

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ÉDITORIAL • 3 SEPTEMBRE 2022

Les pluies de mousson sont nécessaires à l’irrigation des récoltes et à la reconstitution des ressources en eau du sous-continent indien. S’il est indéniable qu’elles entraînent régulièrement leur lot de drames et de destruction, cette année est, au Pakistan, l’année de tous les records. Le pourquoi du comment de la situation s’explique en partie par la conjugaison de deux phénomènes liés au dérèglement climatique: des pluies torrentielles et dévastatrices sur des sols desséchés par la canicule et la fonte accélérée des glaciers. “Apocalypse now” est l’expression utilisée par un journaliste pakistanais pour décrire l’ampleur de la catastrophe qui frappe son pays. Depuis le mois de juin, le bilan, tant humain que matériel, des crues soudaines est sans précédent: plus de 1000 personnes ont d’ores et déjà perdu la vie, un pakistanais sur sept est affecté et un tiers du pays est submergé. Après des semaines d’atermoiements, la communauté internationale est enfin venue en aide au pays inondé. L’œuvre de Naiza Khan laisse deviner l’urgence de la situation et l’impact dévastateur de la crise climatique sur les populations les plus vulnérables.

Au Sahel et dans la Corne de l’Afrique, ce sont plus de 20 millions de personnes qui risquent de mourir de faim. Une catastrophe humanitaire annoncée dans l’une des régions du monde les plus touchées par le réchauffement climatique. Bien que la sécheresse soit, dans cette partie du globe, la norme plutôt que l’exception, cela fait quatre décennies qu’elle n’a plus été aussi intense et prolongée. Le stress hydrique décime les cheptels, épuise les pâturages et contraint les populations qui dépendent majoritairement de l’élevage et de l’agriculture à se déplacer à la recherche de quoi se nourrir. Si dans nos contrées, l’eau est encore trop souvent perçue comme une ressource inépuisable, en évoquant un sol desséché, le tableau d’Alberto Burri suggère que la pénurie d’eau est une réalité effrayante qui risque de devenir à la longue monnaie courante.

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ÉDITORIAL • 27 AOÛT 2022

Les dates commémoratives permettent d’inscrire dans la mémoire collective des évènements qui ont marqué et contribué à façonner le monde tel qu’on le connaît. “Les souvenirs sont nos forces. […] Quand la nuit essaie de revenir, il faut allumer les grandes dates, comme on allume des flambeaux” écrivait en son temps Victor Hugo. Instaurée sous l’égide de l’UNESCO en 1998, le 23 août commémore la “Journée Internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition” et honore la mémoire des hommes et des femmes qui, à Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti et République dominicaine), dans la nuit du 22 au 23 août 1791, se soulevèrent pour briser leurs chaînes et retrouver leur dignité. Menée par Toussaint Louverture, l’insurrection durera 13 ans et conduira à l’Indépendance d’Haïti le 1er janvier 1804. Il s’agit de la plus grande révolte victorieuse d’esclaves de l’Histoire. Le chien-loup qui dévore le navire négrier dans l’oeuvre de Marie-Denise Douyon fait référence à un passé tragique dont les séquelles continuent aujourd’hui encore à alimenter les injustices.

La sécheresse estivale a littéralement fait remonter à la surface le passé. Asséchés, les lits de fleuves, de lacs et de rivières ont, l’espace d’un été caniculaire et avant le retour tant espéré de la pluie, dévoilé leurs "secrets". Ruines d’une cité engloutie en Irak, pierres mégalithiques en Espagne, vestiges d’une ancienne construction romaine en Italie, statues bouddhistes en Chine, navires de guerre nazis chargés d'explosifs en Serbie, sans parler d’empreintes de pas de dinosaure datant d’il y a plus de 100 millions d’années aux États-Unis… En reproduisant les anneaux de croissance d’un tronc d’arbre et en y annotant des moments-clés, Mark Dion nous rappelle que les arbres, tout comme la nature et le paysage, sont les témoins du passé. Des témoins silencieux mais des témoins qui recèlent des traces d’un temps certes révolu mais toujours à même de nous parler.

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ÉDITORIAL • 20 AOÛT 2022

La pizza à l’ananas? C’est plié, ce sera sans eux… Implantée en Italie depuis 2015, une célèbre chaîne américaine a été contrainte de jeter l’éponge faute de clients. Les menus proposés n’ont pas eu le résultat escompté et les habitants de la péninsule ne se sont ni bousculés au portillon ni pourléchés les babines… En outre, la crise sanitaire et, par effet domino, la généralisation des services de livraisons à domicile, ont exacerbé la concurrence et contribué à la déroute de l’enseigne. Dès la levée des restrictions et la possibilité d’enfin pouvoir s’aventurer hors des murs de leurs logis, les italiens ont plébiscité les pizzerias locales et renoué avec les emblématiques Margherita, Napoli, Marinara et autres… La forme ronde de l’œuvre de Claude Viallat rappelle de façon subliminale celle d’une pizza cuite au feu de bois. L’envie nous prend presque de nous en couper nous aussi une part.

Rien de plus banal que de voir un fumeur jeter son mégot de cigarette sur un trottoir. Pourtant, pour reprendre le slogan, si fumer tue, jeter un mégot pollue. En effet, si le tabac nuit gravement à la santé humaine, il nuit aussi gravement à la santé de la planète. Contrairement aux idées reçues, les mégots ne sont pas biodégradables. Les mégots et plus précisément les composants toxiques et chimiques des filtres de cigarettes sont, avant même les pailles et les sacs en plastique, les premiers agents polluants des océans. Qu’on le veuille ou non, un mégot jeté au bord d'un trottoir, finira un jour ou l’autre sa route dans le caniveau avant de la poursuivre dans une rivière qui se déversera, à son tour, dans la mer et l’océan. Fumeur ou non, on ne peut s’empêcher de penser, en contemplant les cigarettes allumées qui figurent sur le tableau de Katherine Bernhardt, que le meilleur déchet est peut-être celui que l’on ne produit pas…

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ÉDITORIAL • 13 AOÛT 2022

L’été est la période de l’année où l’envie nous prend de nous mettre en pause. Si été rime avec vacances, vacances riment aussi, pour bon nombre d’entre nous, avec lecture. Lire reste encore et toujours un moment suspendu, une promesse d’évasion, une parenthèse enchantée qui nous permet non seulement de nous extraire de notre quotidien mais aussi de nous ouvrir à autrui et de découvrir d’autres mondes, réels ou imaginaires… Que ce soit confortablement installés au fond de notre canapé ou assis sur l’herbe, à la ville ou à la campagne, dans un jardin ou dans un parc, au bord d’une piscine ou d’une rivière, tous les lieux sont propices pour se plonger dans un livre même si la photographie de Martin Parr nous donne à croire que rien de mieux que de le faire allongé sur sa serviette de plage, face ou, en l’occurrence, dos à la mer.

Pas un jour sans que la sécheresse ne se rappelle à notre mauvais souvenir. Tout le continent européen brûle et s’assèche. Le spectre des feux de forêts plane par monts et par vaux et la chaleur et les pénuries d’eau impactent directement la biodiversité et les activités humaines. Les assecs des cours d’eau mettent en péril tant le transport fluvial des marchandises que la production d’eau potable. S’il suffit d’une goutte d’eau pour faire déborder un vase, le manque d’eau peut avoir des conséquences désastreuses. La goutte qui, telle une larme, lèche la toile de Kim Tschang-Yeul, met en exergue le risque de désertification et rappelle, pour citer le président du GIEC, que “le changement climatique fait peser une menace grave et grandissante sur notre bien-être et la santé de la planète”.

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ÉDITORIAL • 6 AOÛT 2022

Les vagues de chaleur sont de plus en plus précoces, de plus en plus intenses, de plus en plus fréquentes. Si le lien de cause à effet entre le réchauffement planétaire et la hausse des températures est établi, le facteur humidité n’est que rarement évoqué dans les bulletins météorologiques. Pourtant, les climatologues se penchent de plus en plus sur la température dite du "thermomètre mouillé" qui mesure le taux d’humidité dans l’air. Chaleur et taux d’humidité élevé ne font en effet pas bon ménage et mettent à mal les limites de la résistance humaine. Plus l'air est humide et plus la chaleur est perçue comme pénible pour la simple et bonne raison que, lorsque l’air ambiant est saturé d’humidité, la transpiration ne peut s’évaporer et refroidir le corps. La chaleur ressentie devient alors insupportable. Par les temps qui courent, l’envie nous prend d’imiter le groupe d’enfants photographié du ciel par Katrin Korfmann et de sauter nous aussi, tout à notre joie, pieds joints dans une piscine.

Vendredi dernier, dans le sud de la France, un violent orage a perturbé un concours de colombophilie. Les plus de 20 000 pigeons voyageurs lâchés au départ de Narbonne auraient dû regagner, sans encombre et en un temps record, leurs pénates du Nord de l’Europe et du plat pays. À ce jour, au grand dam de leurs éleveurs, nombre d’entre eux n’ont pas encore re-pointé le bout de leur bec. Voyage, voyage certes mais certaines des ailes qui au-dessus de Narbonne ont glissé sous le tapis du vent, semblent s’être égarées. Si le pigeon voyageur est programmé pour rejoindre son colombier et s’il possède bel et bien un sens inné de l’orientation, il perd tous ses repères quand gronde l’orage et quand s’abat la pluie. Bien que Romain Gary estime qu'"il est moins grave de perdre que de se perdre", les avis de recherche de Pilvi Takala nous rappellent que, pour les colombophiles, voir des pigeons voyageurs s’égarer est l’exception, une exception qui fait certes partie du jeu mais qui n'en demeure pas moins un drame…

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ÉDITORIAL • 30 JUILLET 2022

"Au clair de la lune, mon ami Pierrot…" Qui n’a pas déjà entendu cette chanson douce fredonnée au creux de l'oreille pour apaiser et doucement aider bébé à rejoindre les bras de Morphée et le pays des rêves… Ces paroles évoquent immédiatement l’univers de l’enfance et, à l’instar de celles d’autres chansons et comptines enfantines, contribuent à l’acquisition du langage et au développement de la parole. D’après une étude internationale, la façon toute particulière qu’adoptent les adultes pour s’adresser aux tout-petits, la façon de leur "parler bébé" à grand renfort de gazouillis et en modifiant le timbre de leur voix pour qu’elle devienne plus aigüe, est une pratique généralisée qui ne connaît pas de frontières. Le portrait de Chantal Joffe nous rappelle, pour citer Françoise Dolto, "qu’il est important de parler au bébé non pas parce qu’il comprend les mots, mais parce qu’il les vit."

Il y a peu de choses qui crient l’été comme la crème glacée… Quand grimpent les températures toutes les excuses sont bonnes pour se ruer dessus. Quand on veut se rafraîchir en quelques bouchées, cela reste un incontournable qui ravit petits et grands. Si la hausse du coût des matières premières nécessaires à sa fabrication (la crème, le sucre, les œufs, le lait, les fruits et autres) et celle de l’énergie (gaz et électricité) se répercuteront immanquablement sur son prix, on se plaît à croire, en salivant devant le cornet de Claes Oldenburg, que, même renversé, il en faudra plus pour détrôner le produit phare de l’été.

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ÉDITORIAL • 23 JUILLET 2022

Favorisés par la chaleur et l’assèchement de la végétation, des incendies incontrôlables se multiplient un peu partout dans le monde. En ce début de saison estivale, le feu a déclaré sa flamme à l’Europe toute entière et a d’ores et déjà ravagé, en quelques jours à peine, des milliers d'hectares de forêt. Tous les voyants sont au rouge et les “mega-feux” sont non seulement virulents mais aussi étendus. Cet été risque bel et bien d’être un été à haut risque, un été de tous les dangers. La guerre du feu bat son plein et le réalisme du tableau de Jennifer Walton traduit à lui seul la force destructrice d’un brasier dévastateur.

Moins d’un mois après celle du mois de juin, une deuxième vague de chaleur extrême s’est abattue sur le Vieux continent cette semaine. Le mercure s’est affolé un peu partout et plusieurs records historiques de température ont été battus. Au fil des ans, nos repères climatiques deviennent obsolètes. Les canicules sont de plus en plus fréquentes et leur intensification constitue, d’après les scientifiques, un marqueur sans équivoque du réchauffement climatique. La photographie de Fan Ho évoque à la perfection le soleil implacable de ces derniers jours.

Le papillon monarque migrateur, une sous-espèce du papillon monarque, figure désormais sur la liste des espèces en voie de disparition. Bien qu’il ne soit pas couronné, l’emblématique insecte orange et noir n’en est pas moins l’un des papillons les plus reconnaissables au monde. Sa survie est menacée tant par les pesticides que par le changement climatique et par l’exploitation illégale des forêts vers lesquelles il migre en hiver. Le motif des ailes du papillon de Joan Jonas rappelle en filigrane l’incroyable diversité du monde vivant.

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ÉDITORIAL • 16 JUILLET 2022

Les congés annuels se profilent lentement mais sûrement à l’horizon. On se prend à rêver d’un hamac où se prélasser à l’instar des jeunes filles de Max Pechstein et on s’imagine fredonnant: “vacances j’oublie tout, plus rien à faire du tout…"

Lancé dans l’espace le jour de Noël, James Webb, le plus grand et le plus puissant des télescopes spatiaux jamais conçu, nous a donné à voir, en début de semaine, les premières images de l’univers profond et des galaxies formées peu après le Big Bang, il y a plus de 13 milliards d’années. Force nous est de constater que la machine à remonter le temps appartient de moins en moins au domaine de la science-fiction. Percer les secrets de l'origine et de l'évolution de l'univers entre de plus en plus dans le champ du possible. Si les clichés iconiques du télescope Hubble en avait laissé plus d’un pantois, la haute résolution et les couleurs de ceux du James Webb sont tout simplement époustouflantes. La nébuleuse d’Adrien Lucca met en exergue la fascination qu’exercent encore et toujours le cosmos et l’infiniment grand dans l’imaginaire collectif.

Comme de coutume en période estivale, chaleur et sécheresse riment souvent avec départ et propagation de feux de forêt. A la faveur de vents forts et de températures caniculaires d’une précocité inédite, le sud de l’Europe est en proie aux flammes. La photo de Gregory Halpern a le mérite de nous rappeler que les feux de forêt sont dangereux et qu’ils peuvent démarrer très vite et rapidement faire partir en fumée des milliers d’hectares de végétation.

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ÉDITORIAL • 9 JUILLET 2022

En fin de semaine dernière, en pleine vague caniculaire, l’Italie a enregistré un record de chaleur historique au sommet de la chaîne montagneuse des Dolomites. À plus de 3300 mètres d’altitude, la température a atteint les 10 degrés en lieu des 7 degrés habituels pour un début de mois de juillet. Cette chaleur anormale a probablement accéléré la fracturation du glacier de la Marmolada, le plus grand glacier des Dolomites. Le 3 juillet, l’effondrement du sérac a provoqué une impressionnante avalanche d’eau, de neige et de rochers et le bilan est d’au moins 9 victimes et plusieurs blessés et disparus. Cela fait des années que les scientifiques tirent la sonnette d’alarme et dressent la "chronique d’une catastrophe annoncée": la planète se réchauffe et ce dérèglement climatique n’est pas sans conséquences. Le drame qui a endeuillé la “reine des Dolomites” illustre si besoin est l'ampleur de la fonte des glaces terrestres. Bien que la “bibliothèque d’eau” de Roni Horn n’abrite que la mémoire de glaciers islandais, elle intime de façon subliminale que tous les glaciers de la planète sont aujourd’hui des “mastodontes” menacés pour ne pas dire des “mastodontes” en voie de disparition.

Cap sur le Sud, direction Marseille! La Cité phocéenne "ne se donne pas, elle se découvre" et elle abrite l’un des monuments de l’architecture du XXème siècle. Édifiée au lendemain de la guerre, entre les collines et la mer, la Cité radieuse est la première des cinq unités d’habitation de Charles-Édouard Jeanneret dit Le Corbusier. Inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2016, cette cité-jardin verticale sur pilotis, véritable paquebot en béton à l’iconique façade colorée, fête cette année ses 70 ans sans aucune ride! La photographie de Lucien Hervé immortalise l’ombre d’un ouvrier gravissant les marches de l’édifice en construction et témoigne de sa fascination pour l’esthétique révolutionnaire de celui que d’aucuns surnomment aujourd’hui encore le "Fada".

Enfin, la mosaïque de couleurs du tableau d’Yves Zurstrassen évoque allégresse et légèreté estivales.

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ÉDITORIAL • 2 JUILLET 2022

Le revirement est historique. Le 24 juin dernier, la Cour suprême américaine, majoritairement acquise à la droite conservatrice, a statué et décidé que la législation sur l’avortement ne relevait pas de l’Etat fédéral mais des États fédérés. La plus haute instance judiciaire américaine a, par voie de conséquence, entériné l’abrogation de l’avortement au niveau constitutionnel et renvoyé les États-Unis à la situation en vigueur avant l'arrêt emblématique "Roe v. Wade" de 1973. Chaque état peut à nouveau légiférer comme il l’entend et décider d’autoriser ou d’interdire le recours à l’IVG (interruption volontaire de grossesse) sur son territoire. Le changement de la jurisprudence américaine fait craindre, par effet de ricochet, un retour de manivelle sur le Vieux Continent. La réflexion de Simone de Beauvoir qui enjoint à ne jamais oublier “qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question” reste, aujourd’hui encore, plus que jamais d’actualité. L’oeuvre de Sam Durant rappelle, quant à elle, que dans un monde idéal, on ne devrait pas remettre en question les acquis du passé et seulement se préoccuper d’aller de l’avant.

L’enclave espagnole de Melilla a été le théâtre d’un épisode tragique en fin de semaine dernière. Située en territoire marocain, Melilla est, avec l’enclave de Ceuta, l’une des seules frontières terrestres entre l’Afrique et l'Union européenne. Si les tentatives de passage en force de migrants font régulièrement la une des journaux, celle du 24 juin dernier a été particulièrement meurtrière. Plus d’un millier de migrants d’origine sub-saharienne ont tenté de franchir illégalement l’imposant rempart de barbelés pour pénétrer dans la “forteresse” Europe. Les affrontements d’une extrême violence, tant du côté marocain que du côté espagnol, on fait à ce jour une trentaine de victimes et des centaines de blessés. À la lumière de la tragédie de Melilla, le diptyque d’Agnès Thurnauer et, a fortiori, la césure du mot “frontière” en anglais (“border”) nous incite à nous souvenir que si les frontières séparent et démarquent un état d’un autre, elles peuvent aussi, quand elles sont militarisées et utilisées à des fins anti-migratoires, tuer.

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ÉDITORIAL • 25 JUIN 2022

Le 19 juin, le deuxième tour des élections législatives françaises a coïncidé avec l’élection présidentielle colombienne. La quatrième puissance économique d’Amérique latine a, pour la toute première fois en 212 ans d’indépendance, évincé les conservateurs et les libéraux et a, par un vote historique, consacré la victoire du premier président de gauche de son histoire. Si le pays a bel et bien plébiscité le changement, la tâche qui attend le nouveau président est colossale. Qui dit changement dit incertitude mais, comme le laisse envisager l’installation de Gabriel Sierra, le changement peut aussi mener vers de nouveaux horizons et accroître le champ des possibles.

Il y a plus de 61 ans, Patrice Emery Lumumba, héros de l’indépendance et éphémère premier ministre du Congo ex-belge est arrêté, torturé et assassiné dans des circonstances à ce jour encore troubles. Dissous dans de l’acide, ni son corps ni ceux de ses deux frères d’armes ne seront jamais retrouvés. Il faudra attendre plusieurs décennies pour apprendre qu’un policier belge ayant participé à la disparition des corps avait conservé des restes humains en Belgique. En début de semaine, une dent de Patrice Lumumba ayant valeur de “relique” a symboliquement été restituée à la famille d’abord et aux autorités congolaises ensuite. Le portrait de William Kentridge souligne de façon subliminale que si l’homme passe, sa renommée survit. Lumumba reste un martyr de l’ère des décolonisations et une figure incontournable, tant sur le continent africain qu’ailleurs, de la résistance à l’impérialisme.

Déjà aux prises avec une crise humanitaire et financière, l’Afghanistan vient d’être frappé par une nouvelle tragédie. Un violent tremblement de terre a secoué, dans la nuit de mardi à mercredi, deux provinces rurales et montagneuses situées à la frontière pakistanaise. L’ampleur de la catastrophe est énorme. Les autorités font état de plus d’un millier de morts et nombre de personnes restent encore piégées sous les décombres de leurs maisons effondrées. Le sentiment de désolation qui se dégage du tableau d’Ibrahim Ismail traduit à lui seul la force destructrice et imprévisible de la nature.

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ÉDITORIAL • 18 JUIN 2022

Afin de limiter les émissions de gaz à effet de serre et de lutter contre le réchauffement climatique, la Commission européenne a validé, au début du mois de juin, l’interdiction de la vente de voitures neuves roulant à l’essence et au diesel à partir de 2035. La proposition permettrait de réduire à zéro les émissions de CO2 sur les routes de France et de Navarre et d’atteindre, d’ici 2050, la “neutralité carbone”. Bien que le texte ne s’applique pas au marché des voitures d’occasion, il impacte de facto tout le secteur automobile dans la mesure où seuls les véhicules 100% électriques seraient à même de répondre à cette exigence. Certes, la date d’échéance de 2035 préconisée par le GIEC semble à ce stade encore lointaine mais une chose est sûre: si elle sont adoptées par les 27 états membres, les nouvelles réglementations environnementales entérineront l’obsolescence programmée et la disparition progressive des voitures immortalisées dans l’oeuvre de Julian Opie.

Une canicule d’une précocité et d’une intensité inédite frappe de plein fouet nos contrées. L’été n’a pas encore officiellement commencé que la chaleur extrême est sur toutes les lèvres. Exceptionnels il y a quelques années encore, les épisodes caniculaires sont à la fois plus fréquents, plus intenses et plus longs. Ils constituent un marqueur sans équivoque du réchauffement climatique et, force est de constater, que l’exception d’hier devient peu à peu la règle… Comme le laisse deviner le thermomètre qui figure sur le tableau de Jasper Johns, il fait chaud, il fait de plus en plus chaud et le mercure devrait encore s’affoler et tutoyer des records… On ne peut qu’espérer que la dégradation orageuse annoncée entraînera dans son sillage une accalmie et un retour progressif à des températures conformes aux normales saisonnières.

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ÉDITORIAL • 11 JUIN 2022

Le constat est sans appel: les couleurs des récifs coralliens perdent de leur superbe au fil des années. Menacés tant par la pollution que par la surpêche et le réchauffement climatique, leur blanchissement et, plus précisément le blanchissement du plus grand d’entre eux, inquiète la communauté scientifique. Inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, la Grande Barrière de corail s'étend sur plus de 2000 kilomètres le long de la côte nord-est de l'Australie et est, en termes de biodiversité, l’un des écosystèmes les plus riches de la planète. L’ampleur de la décoloration est inédite. Pour assurer leur propre survie, les coraux sont en effet contraints d’expulser les microorganismes qui les nourrissent et les pigmentent. Les coraux blanchis sont à ce jour encore vivants mais le stress thermique intense auquel ils sont soumis les met en peril. D’un blanc fantomatique, le corail de Valéria Nascimento rappelle implicitement que, si les périodes de stress persistent et s'intensifient, les récifs sont condamnés, à plus ou moins longue échéance, à une mort certaine.

Depuis le début de la conquête spatiale et le lancement du premier satellite Spoutnik 1 par l’URSS en 1957, plusieurs milliers de tonnes d’objets ont été mis en orbite autour de la Terre. La prolifération de débris générés par ces engins est exponentielle et l’espace s’apparente lentement mais sûrement à une vaste déchetterie. Fragments de fusées, satellites inertes ou en fin de vie, outils et équipements abandonnés ou égarés par des astronautes dans le cadre de missions, débris volants qui entrent en collision et se brisent en nanoparticules… Ce sont des milliers de déchets d’origine humaine qui gravitent dans le ciel et leur quantité ne fait qu’augmenter, tant et si bien que la pollution spatiale, pourrait devenir, après la pollution terrestre, l’un des grands enjeux des années à venir. N’ayant jamais pu être déployé et n’ayant pas à ce jour encore été localisé, “le premier satellite à exister seulement en tant que geste artistique” de Trevor Paglen a, selon toute vraisemblance, rejoint les autres debris spatiaux qui flottent au-dessus de nos têtes.

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Zoé Schreiber

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ÉDITORIAL • 4 JUIN 2022

Il y a une vingtaine de jours, un cétacé a tenu en haleine scientifiques et badauds. Spectacle insolite s’il en est, le mammifère marin errait en beau milieu de Seine, à mi-chemin entre Rouen et Le Havre. Déjà précaire, l’état de santé de l’orque s’est dégradé au fil des jours et les efforts pour la ramener vers l’embouchure du fleuve et, par voie de conséquence, vers la mer se sont avérés vains. Le pronostic vital étant engagé, les vétérinaires ont décidé de mettre fin à ses souffrances mais ils ont été pris de court dans la mesure où le corps du mammifère a été retrouvé sans vie. Animal plus solitaire que l’orque, la baleine de W. Tucker suggère néanmoins qu’apercevoir un épaulard en errance au large des côtes de la Manche et, a fortiori, dans la Seine, reste exceptionnel.

Après des mois de sécheresse, le nord-est du Brésil et la région de Recife en particulier ont dû faire face à des pluies diluviennes. Chronique d’une catastrophe certes annoncée par les services météorologiques mais, catastrophe qui n’a pu être évitée. Il est tombé, en l'espace de quelques heures, le volume de trois semaines de pluie. Les inondations ont non seulement provoqué le débordement des rivières mais aussi des glissements de terrain et l’effondrement de maisons emportées par des torrents de boue. Déjà lourd, le bilan humain pourrait encore s’alourdir dans la mesure où les prochaines semaines s'annoncent pluvieuses. La plupart des victimes, des disparus et des sans abris résidaient dans des bidonvilles construits à flanc de colline ou en zone marécageuse. L’œuvre de Nicholas Monro laisse deviner la puissance dévastatrice de l’eau qui, tel un rouleau compresseur, balaye tout sur son passage.

Coup d’envoi des festivités marquant les 70 ans de règne d’Élizabeth II en cette fin de semaine. Le moment est historique. Immensément populaire, la reine accède au trône à l’âge de 25 ans et est la première monarque britannique de l’histoire à célébrer son jubilé de platine. Si la photographie d’Hiroshi Sugimoto ne fait qu’immortaliser un mannequin de cire, elle a le mérite de rappeler que la reine de tous les records représente à elle seule la mémoire collective du Royaume-Uni.

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Zoé Schreiber

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ÉDITORIAL • 28 MAI 2022

Depuis le mois de février, le pays le plus riche et le plus puissant du monde doit faire face à une pénurie inédite. La pénurie porte sur le lait maternisé et elle est telle que le président américain a été contraint d’instaurer, en début de semaine, un pont aérien en provenance d’Europe pour pallier les ratés (fermeture provisoire pour raisons sanitaires de la principale usine de l’un des 3 géants du secteur, manque de matières premières et de main d’oeuvre…) constatés sur les chaînes d’approvisionnement. Quand on sait qu’au pays de l’oncle Sam, le congé de maternité n’existe pas et que, dès lors, nourrir les bébés au lait infantile est la règle plutôt que l’exception, on mesure l’ampleur de la crise et le désarroi des parents. Le nourrisson qu’Alice Neel offre à notre regard rappelle de façon subliminale que si le bonheur s’apprend dès le berceau, les rires éclatent mieux encore quand nourriture il y a…

100 millions… La barre de 100 millions de personnes déracinées de force dans le monde a été franchie. Le chiffre donne le tournis dans la mesure où, sur les plus de 195 pays que compte le monde, seuls 13 d’entre eux ont une population supérieure ou égale à 100 millions d’habitants. Si les théâtres de guerre sont les principaux concernés par l’exode des populations, d’autres événements tels que les inondations, les tempêtes, les cyclones ou encore les sécheresses contraignent et forcent les populations à se déplacer… Des réfugiés climatiques ou écologiques dont le nombre ne fera que s’accroître. Objets éphémères par excellence, les valises qui flottent à la surface de l’eau photographiées par Maria Friberg symbolisent à elles seules l’exil et le déracinement.

Dix jours après la fusillade raciste dans un supermarché de Buffalo dans l’Etat de New York, c’est un nouveau carnage qui endeuille l’Amérique. Le bilan est lourd. Après avoir acheté légalement un fusil d’assaut, un adolescent d’à peine 18 ans a ouvert le feu sans motif apparent dans une école au Texas et fait 21 morts dont 19 enfants d’une dizaine d’années. La sobriété du marquage à la craie blanche dépeint par Forrest Bess souligne si besoin est que, même après le retrait des corps des victimes, l’horreur des crimes continue à hanter les esprits.

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Zoé Schreiber

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ÉDITORIAL • 21 MAI 2022

L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt et seuls les plus matinaux d’entre nous ont pu voir, en début de semaine, la pleine lune toute de rouge vêtue. Pour pouvoir admirer ce spectacle, Soleil, Terre et Lune doivent être alignés en rang d’oignon et la planète bleue doit se situer exactement entre l’astre roi et l’astre nocturne et priver de ce fait son satellite de la lumière émise par l’étoile. Les éclipses lunaires totales sont des phénomènes astronomiques rares. L’éclipse que nous propose Thomas Ruff laisse deviner la magie de cet alignement spectaculaire.

“Un crime raciste motivé par la haine” a endeuillé un quartier afro-américain de la ville de Buffalo à l’extrême nord de l’état de New-York samedi dernier. Muni d’un fusil d’assaut, un adolescent de 18 ans a fait 13 victimes dont 10 ont perdu la vie. Si le passage à l’acte du jeune suprémaciste blanc a marqué les esprits, ce n’est pas le seul passage à l’acte à déplorer… En un seul week-end, de Buffalo à Houston au Texas, ce ne sont pas moins de 8 tueries qui ont défrayé la chronique outre-Atlantique. Un week-end somme toute presque comme un autre en Amérique où, depuis le début de l’année, on dénombre déjà plus de 200 fusillades dans des lieux publics. Tel un mémorial aux victimes de cette violence armée, l’installation de Felix Gonzalez-Torres rend hommage à celles et ceux qui ont perdu la vie et rappelle de façon subliminale que ne meurent que ceux que l’on oublie.

L’Inde, le deuxième producteur mondial de blé, a annoncé, au grand dam des autres nations, mettre un embargo sur ses exportations afin de pouvoir répondre aux besoins de sa population. Après la suspension des livraisons de blé en provenance d’Ukraine et de Russie, c’est un nouveau coup de tonnerre qui secoue le marché des céréales et fait craindre non seulement une flambée des prix mais aussi une pénurie mondiale. Le champ de blé semé dans le quartier financier de Manhattan en 1982 par Agnes Denes est plus que jamais d’actualité et nous amène à réfléchir à la gestion des ressources alimentaires, à la famine qui menace les pays les plus dépendants et au poids économique du commerce de l’or jaune.

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Zoé Schreiber

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ÉDITORIAL • 14 MAI 2022

Depuis la prise du pouvoir par les talibans en août 2021, les restrictions imposées à la gente féminine sont de plus en plus contraignantes en Afghanistan. Les droits acquis au cours des vingt dernières années sont réduits à néant et les femmes et jeunes filles sont une nouvelle fois progressivement exclues de la vie politique, économique et sociale, et privées d’éducation. Après leur avoir imposé un code vestimentaire strict, la dernière mesure en date entérine l’obligation du port du voile intégral dans l’espace public et les exhorte à rester à la maison. La burqa ou tchadri recouvre non seulement l’intégralité du corps mais aussi le visage et le regard qui disparaissent derrière un grillage en tissu. Si la tapisserie de Jennifer Guidi atteste de l’omniprésence dudit vêtement en 2014, elle nous incite surtout à réfléchir sur la différence entre la liberté individuelle de choisir de le porter et l’obligation religieuse de le faire.

L’été se profile lentement, sûrement et prématurément à l’horizon et les températures de ce joli mois de mai devraient largement dépasser les normales saisonnières dans les jours à venir. Qui dit épisode de chaleur, dit aussi risque de sécheresse des sols. La préservation des ressources en eau et l’assèchement des nappes phréatiques font d’ores et déjà la une des journaux. Le tapis vert du gazon dépeint par David Hockney rappelle qu’il fut un temps, il n’y a pas si longtemps, où l’arrosage en continu des pelouses était encore monnaie courante… Le réchauffement climatique nous enjoint actuellement à utiliser l’eau avec bien plus de parcimonie.

Crée en 2008, le Bitcoin (BTC) est la première des cryptomonnaies. Si le BTC reste la cryptomonnaie de référence, il existe aujourd’hui des milliers de monnaies virtuelles et leur poids économique est incontestable. En fin de semaine, l’une d’entre elles a plus que jamais fait parler d’elle en dévissant brutalement. Intitulée Paysage économique, l’œuvre de Franck Scurti laisse deviner la volatilité des marchés financiers où hausses spectaculaires tutoient parfois krachs retentissants.

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Zoé Schreiber

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ÉDITORIAL • 7 MAI 2022

À l’instar de l’Australie, de Singapour ou encore de Taïwan, la Nouvelle-Zélande a mené, depuis le début de la pandémie, une politique dite de “zéro Covid”. Après deux ans d’isolement, le pays des kiwis vient lui aussi de rouvrir grand ses portes au monde et autorise à nouveau les touristes et voyageurs, en provenance de pays bénéficiant d’accords d’exemption de visa, à franchir ses frontières. Inspirée du tableau intitulé “La victoire” de René Magritte, la porte entrouverte et démurée de Gavin Turk évoque le passage d’un univers à un autre mais donne surtout le sentiment d’une liberté retrouvée.

La Chine est le dernier pays à persister et signer une stratégie très contraignante pour enrayer la propagation du coronavirus. Le variant Omicron confronte pourtant le géant asiatique à son pire rebond épidémique depuis le printemps 2020. La politique sanitaire de l’Empire du Milieu impose à sa population des mesures de confinement strictes et des dépistages à grande échelle et à intervalles réguliers. L’homme dépeint par Fang Lijun semble perdre pied et la détresse voire la panique qui se lisent sur son visage laissent deviner de façon subliminale les sentiments de privation de liberté, d’oppression et d’enfermement auxquels doivent aujourd’hui encore faire face des millions de chinois.

En s’appuyant sur une fuite sans précédent, un média américain a publié un article qui a provoqué un tollé outre-Atlantique. Ledit article révèle que la Cour suprême serait sur le point de remettre en question la liberté des femmes à disposer de leur corps. La remise en question du droit constitutionnel à l’avortement par l’abrogation de l’arrêt dit “Roe v. Wade” se traduirait par un retour à la situation en vigueur avant 1973 et permettrait à chaque État d'interdire ou d'autoriser les avortements. Il va sans dire que, dans un monde idéal, l’avortement n’aurait pas lieu d’être, que dans un monde idéal, aucune femme ne tomberait enceinte sans le vouloir, que dans un monde idéal, il n’y aurait ni viol ni inceste… L’œuvre de Judith Bernstein dénonce la pérennité de la domination masculine sur le corps des femmes et rappelle que, quels que soient les acquis, il ne faut jamais baisser la garde.

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Zoé Schreiber

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